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Le Mont Karkom est-il le Mont Sinaï ?

Le Mont Karkom (Har Karkom) est un mystère. S’il ne fait aucun doute qu’il s’agit bien d’un important lieu de culte de la période paléolithique,

certains pensent qu’il pourrait s’agir du véritable Mont Sinaï, complétant ainsi la liste de plus en plus longue d’une douzaine de candidats au titre.

Parmi eux, Ygal Granot, un guide touristique vivant dans notre village et qui, se trouvant sur le Mont Karkom au moment du solstice d’hiver, a été le premier à être le témoin d’un phénomène rappelant étrangement la description biblique du buisson ardent (un feu qui ne se consume jamais). Mis dans la confidence, le Dr Haïm Berger a ensuite élaboré toute une théorie autour de ce phénomène, qu’il a popularisée il y a une dizaine d’années lors d’apparitions télévisées. Depuis, un nombre chaque année grandissant de jeeps se rendent sur le lieu aux alentours du soltice d’hiver, pour pouvoir eux-aussi apercevoir ce “buissant ardent”. 

Pourtant, ce n’est pas et de loin, ce qu’il y a de plus intéressant à Har Karkom et s’il y a bien un endroit dans le Néguev où les explications d’un guide sont indispensables, c’est bien là. 

Tous sont venus exprès pour voir le “buisson ardent”. Mais seule une fraction des visiteurs est postée au bon endroit – de l’avantage d’avoir un guide avec soi !

Mais avant de commencer, je dois vous faire un aveu. A moins de vous trouver, par chance, au bon endroit au bon moment, ou à moins que la lecture de ce post ne suscite votre curiosité et vous encourage à faire un voyage en Israël tournant autour de votre visite à Har Karkom, il y a fort peu de chances que vous soyiez en mesure de vous y rendre.  Ce n’est pas juste que le voyage est long, inconfortable et que l’endroit n’est accessible qu’avec un bon 4*4 et un chauffeur expérimenté. C’est aussi que le Mont Karkom est situé en plein milieu d’une zone de tirs de l’armée et qu’il n’est ouvert au public que le weekend et pendant les fêtes juives. De plus, ce n’est que pendant les semaines de Souccot, Hanouka et Pessah, que la route 10 (qui longe la frontière égyptienne et qui vaut le détour à elle seule) est ouverte au public, ce qui a l’avantage de réduire le trajet pratiquement de moitié! Il vous faudra tout de même compter quatre bonnes heures de route dans chaque direction.  

 Tout a commencé avec le Professeur Emmanuel Anati

Lorsque David Ben Gourion est venu s’installer à Sde Boker dans les années 50, il a décidé qu’il voulait qu’on retourne chaque pierre du Néguev en vue d’y trouver tout signe d’une présence humaine. Il a donc envoyé une équipe d’archéologues sonder la région. Parmi eux, un jeune étudiant de l’université de Jérusalem d’origine italienne. Anati avait entendu parler d’une montagne que les Bédouins appelaient  Jebel Ideid (Mont des Célébrations). En arrivant sur les lieux, il découvre des chemins parrallèles semblant indiquer que des gens en grand nombre étaient venus et avaient marché vers un même lieu. Qu’est-ce qui pouvait bien attirer toutes ces personnes en ce lieu si éloigné de tout lieu d’habitation connu, de tout axe routier ou commercial et ne disposant d’aucune source d’eau ou de minerais à extraire?  Une fois en haut du plateau d’une longueur de 8 km, il a trouvé sa réponse : une énorme concentration de gravures rupestres et autres pierres disposées de telle manière qu’ils suggéraient qu’il avait servi de lieu de culte. Sur le champ, il décidait de faire du Mont Karkom l’oeuvre de sa vie. A son retour en Italie, il a fondé un Centre de recherches dédié à la révélation des mystères de ce site. Entre temps,  Jebel Ideid avait été renommé Mont Karkom, du nom d’un crocus blanc qui y fleuri en quantité au début de la saison des pluies. Il a identifié 1500 lieux de culte dont certains vieux de 20,000 ans. 

Il vous faudrait rester plusieurs jours pour tous les voir !

Il s’agit probablement du lieu de culte le plus ancien connu au Moyen-Orient.

Ce n’est que petit à petit (dans les années 80) qu’il est arrivé à la conclusion qu’il était en train de conduire ses fouilles sur ce qui ne pouvait être auche chose que le Mont Sinaï, celui où Moïse a reçu les tables de la Loi. Vous pourrez trouver de nombreux détails sur ses recherches sur son site (en anglais).

Etant donné que ses trouvailles placeraient l’Exode près d’un millier d’années plus tôt que ce qui est généralement admis (pour lui, le lieu était particulièrement actif autour de 2500 AEJ et a été abandonné autour de 1900 AEC, alors qu’il est généralement accepté que l’Exodus a eu lieu quelque part entre 1600 et 1200 AEC, ses publications n’ont pas convaincu la plupart des experts.  

Pour tenter de saisir la complexité du Mont Karkom, il faut séparer le mythe de l’histoire et la foi des faits. Si vous pensez que Moïse est une invention mythologique, cet endroit ne vous intéressera pas. Si vous croyez que Dieu a parlé à Moïse et lui a donné les tablettes de la loi, cette théorie ne va pas vous plaire.  Mais si vous pensez que l’histoire de Moïse trouve ses racines dans des faits historiques, vous devez vous rendre à Har Karkom, écouter ces théories et vous faire votre propre opinion. 

Tout commence il y 20,000 ans. Les communautés paléolithiques de la région considèrent alors cette montagne comme sacrée. Des chemins parallèles creusés dans la terre sur les versants sud et est de la montagne (en certains endroits on en compte 16) suggèrent les mouvements coordonnés de caravanes de milliers d’humains et de chameaux.  

Des inscriptions sacrées et autres gravures rupestres par dizaines de milliers longent ces routes. Qu’est-ce qui a bien pu attirer les gens en masse à Har Karkom ?

La réponse, selon le Dr Haim Berger, est ce phénomène qui se produit autour du solstice d’hiver et qui peut être observé en milieu de journée lorsqu’on le regarde depuis un certain point : soudainement, une lumière puissante émane de la falaise située en face, à 200 m. 

Aujourd’hui, nous savons que cette lumière provient des rayons du soleil qui illuminent une caverne en calcaire par un trou caché dans son plafond. Mais dans l’ancien temps, ce phénomène ne s’expliquait pas. Ou si certains le comprenaient, ils se gardaient bien d’en dévoiler l’explication aux masses.  La signification de ce miracle lumineux, au plus fort de l’hiver, était la promesse d’un renouveau, de jours plus longs et du retour de la croissance.  Il fallait qu’ils soient nombreux à monter sur la montagne et à prier leurs dieux avec intensité pour faire apparaître la lumière. Et ce n’était qu’après avoir vu cette lumière de leurs propres yeux qu’ils pouvaient rentrer chez eux, rassurés sur le fait que le printemps puis l’été allaient suivre. C’est ainsi que le Mont Karkom a tenu le pouvoir de vie et de mort sur les habitants de la région pendant 17,000 ans.  

Moïse et les 10 Commandments

Dr Haim Berger nous explique :

Il y a eu un mouvement d’humains entre l’Egypte et Canaan entre 1700 et 1200 AEC. On le sait grâce à des inscriptions trouvées en Egypte, mais aussi à des trouvailles archéologiques sur le Mont Karkom qui semblent attester de la naissance et du développement d’un système de croyance monotéïste.  Ces gens considéraient faire partie de 12 tribus et leurs croyances étaient distinctes de celles des Egyptiens, mais aussi des tribus païennes qui les entouraient. Le mont Karkom était sur leur chemin entre l’Egypte et Canaan et c’est à cette occasion qu’il ont découvert cette lumière miraculeuse. Ils se la sont appropriée, l’ont renommée le “buissant ardent” et l’ont adoptée dans leur système de croyance monotéiste. Sur un rocher, ils ont inscrit une carte pour permettre aux croyants de trouver le point d’obersavtion correct et ce serait là l’origine de la menorah. 

Le "x" rouge correspond à l'emplacement du "buisson ardent"

Durant leur séjour sur la montagne, qui pourrait avoir duré plusieurs générations, ils ont mis au point un code moral résumé en dix lois de base gravées sur deux grandes tables en pierre ; on en trouve des représentations engravées en de multiples endroits de la montagne.  

Aux pieds du versant sud de la montagne, se trouvent 12 piliers posés sur deux lignes avec en leur mileu un autel sacrificiel dont les dimensions correspondent à celles décrites dans Exode 24.

Pour le Dr Berger, le personnage de Moïse est sans doute composé de plusieurs leaders, mais la plus grande partie du Livre de l’Exode est ancrée dans des événements qui se sont produits sur le Mont Karkom. 

Pour certains, nous sommes en pleine théorie du complot: un mélange de faits n’ayant aucune relation les uns avec les autres et qui ont été rassemblés pour faire la promotion d’une idée complètement saugrenue. Pour d’autre, comme moi, c’est une affirmation poétique de la part d’histoire contenue dans la Bible et une validation des origines du peuple juif. Vraie ou pas vraie, l’exposition de cette théorie est sûre de vous faire passer une journée intéressante (quoi qu’intense et épuisante) et de vous faire réflechir. 

Comment y aller

Si le but de votre visite à Har Karkom est de mettre au test les idées du Dr. Berger :

  • Pas de compromis, ni d’imitations, prenez-le comme guide
  • Vous devrez vous y rendre dans un délai de 20 jours avant ou après le solstice (en vous rappelant que le lieu n’est ouvert que le weekend ce qui limite donc les possibilités). 
  • Vous devez être prêts pour 4 heures d’un trajet en jeep dont la moitié sur terrain difficile et ce, dans chaque direction. Ce qui fait au minimum une excursion de 10 heures.  

Pendant les 4 heures de l’approche, le Dr Berger en profitera pour vous décrire la vie sur place à l’époque, mettre en place sa théorie, avant de vous emmener à pieds voir les inscriptions qui la soutienne. Vous y verrez les signes qui selon lui, indique le début du monothéïsme, mais aussi le début de l’alphabet. C’est un guide charmant et charismatique,  qui ne craint pas les arguments et les oppositions, promesse d’une discussion très vivante.  

Dr Haim Berger – Negev Jeep – +972545343797

email: negevjeep@gmail.com

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Auteur/autrice : Marion Krivine

French owner of Krivine Guesthouse in Midreshet Ben Gurion, together with my British husband John. A little piece of european greenery in the heart of the Negev Highlands, Israel. I have set out on this journey in order to provide our guests with the most accurate, up-to-date and comprehensive guide of the area.

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