Fermez les yeux et imaginez les prodtuis que vous pourrez trouver dans le désert du Néguev. Il y a fort à parier que le vin n’est pas la première chose qui vous viendra à l’esprit. Et pourtant, les exploitations vinicoles sont pléthores dans la région et il n’est pas impensable pour les amateurs de vin d’organiser un séjour de quelques jours autour de l’histoire de la production de vin dans la région et les dégustations.
Sur les 26 exploitations viticoles que compte le Néguev, 16 se trouvent dans la région des plateaux du Néguev (comprenant Mitzpe Ramon, Sde Boker, Yeruham et les régions de Nitzana et Revivim). Toutes se situent dans un rayon de 45 minutes de nos chambres d’hôtes. Les 10 exploitations restantes sont dispersées entre les régions plus éloignées d’Arad, du Néguev occidental (autour de Gaza) et d’Eilat.
A ceci, ajoutez le fait que l’histoire de la fabrication du vin dans la région remonte à la période romaine et vous comprendrez que cette production est loin d’être anecdotique et mérite amplement une place lors de tout séjour dans la région.
La fabrication du vin à l’époque Nabatéenne
Les Nabatéens ont commencé à produire du vin alors que la route de l’encens passait par la région et où les caravanes étaient nombreuses. On parle là d’une période s’étalant de 1800 avant notre ère jusqu’au VIème siècle de notre ère. Les recherches ont montré que la production existait déjà à l’époque romaine.
Le vin était considéré comme élément de base du régime des voyageurs et ce pour plusieurs raisons.
- Il était plus facile à stocker et à préserver que l’eau, constituant une alternative bien plus sûre que l’eau.
- Il constituait un apport calorique bienvenue alors que le transport et la conservation de nourriture en abondance pouvaient s’avérer compliqués.
- Le fait qu’il ait pu rendre ce voyage difficile un peu plus joyeux n’est sans doute qu’un bonus ajouté, mais probablement pas si négligeable. La consommation quotidienne des voyageurs se comptait en litres.
Lorsque vous visitez les villes de Shivta et d’Avdat, vous ne pourrez pas manquer de voir les restes de cette activité viticole, grâce en particulier à la présence de grands pressoirs à vin.
Dans la ville d’Avdat, vous pourrez en plus vous faire une idée de l’échelle de ce commerce qui a pris tout son essor durant la période Byzantine. Les nombreuses caves creusées dans la roche et dans lequelles de nombreuses amphores ont été retrouvées sont le signe le plus évident d’une commerce à l’échelle quasi industrielle de ce précieux liquide.
Comme l’atteste le nom inscrit sur les récipients, on appelait alors ce vin vin de Gaza – du nom du port à portir duquel il était exporté vers l’Europe. Ce vin de Gaza était si apprécié et demandé qu’il a largement contribué à la prospérité de ces villes.
D’ailleurs, il est maintenant reconnu que c’est l’avénement de l’Islam et la prohibition de l’alcool qui s’en est suivie, signant la fin de ce commerce particulièrement lucratif, qui a précipité l’abandon de la ville de Shivta. Ses habitants n’ayant semble-t”il pas réussi à se réinventer et à trouver une source de revenu suffisante alors que le gouvernement local n’avait de cesse d’augmenter les taxes.
Comment les Nabatéens ont-ils réussi à faire pousser de la vigne de la désert ?
Les premières réactions des archéologues découvrant l’étendue de la production agricole dans les villes Nabatéennes a été de se demander si peut-être, à l’époque, le climat était différent. Mais les recherches ont montré que certes, les précipitations étaient sans doute légèrement plus importantes à l’époque, mais que la région étaient déjà tout ce qu’il y a de plus désertique. Ce succès était juste dû au talent des Nabatéens à récupérer les eaux de pluie grâce à un ingénieux système de terrasses et de canalisations qui permettaient de conserver ces eaux dans d’immenses citernes.
Naturellement, le choix de la production de vin provenait aussi du fait que la région, couplant haut niveau d’ensoleillement et hivers froids dû à l’altitude et à l’amplitude de températures qui caractérise les régions désertiques, convenait particulièrement bien à la vigne.
Le renouveau de la route des vins
C’est donc avec ce patrimoine en tête qu’il y a une trentaine d’année, il a été décidé de relancer la production viticole après une pause de quelques centaines d’années. A vrai dire, les vignes étaient déjà nombreuses dans la région, mais les raisins étaient alors envoyés chez différents producteurs à travers tout le pays. A ce jour, la plupart des vins produits en Israël et ce, quelle que soit la région, le sont avec des mélanges de raisins qui incluent des variétés ayant poussé dans le Néguev. Ce qui a changé il y a 30 ans, c’est la volonté d’encourager la production de vin localement. Rapidement, quelques producteurs locaux ont commencé à expérimenter avec de nouvelles variétés de raison et différentes techniques, afin de créer des vins qui conviennent aux conditions climatiques et de terroir. Il s’agit de caves boutiques qui produisent de petites à moyennes cuvées et que vous pouvez visiter afin de déguster leur production.
Quelle est la qualité du vin?
Je sais, vous pensez que comme je suis française, je vais forcément pouvoir vous donner une opinion experte sur la qualité des vins. Malheureusement, il n’en est rien. Je ne bois pas de vin du tout. Je n’aime tout simplement pas le goût si bien que je serais bien incapable de faire la différence entre la piquette la plus immonde et un grand cru. Je sais, je devrais avoir honte mais je mets ce grave manquement sur le compte des parents de ma meilleure amie en maternelle, qui ont dû me nourrir probablement plus souvent qu’il ne l’auraient souhaité tant j’étais devenue une invité quasi-permanente à leur table. La nourriture était certes délicieuse, mais il y avait un hic. A chaque repas, ils me servaient un verre de vin coupé avec de l’eau et et détestais ça.
Etant donné que John ne s’y connait pas beaucoup plus que moi (il a une excuse, lui, il est anglais!), nous devons dépendre de l’opinion de nos hôtes si nous ne voulons pas nous contenter de l’avis du producteur, généralement content de son produit.
Et d’après les réactions de nos hôtes, au cours de ces 20 derniers années – alors que mes soeurs, qui ont volé tous les gênes de l’appréviation du vin de la famille et savent apprécier un bon vin, m’annonçaient que la production locale d’apparentait plus à un méchant vinaigre qu’au vin – les viticulteurs de la région aient beaucoup progressé. Non seulement le vin du Néguev est généralement considéré comme étant très bon, il est aussi salué pour sa distinction.
Naturellement, les vignerons ont eu largement le temps de progresser, mais la fulgurance de ces progrès doit sans doute aussi beaucoup à l’intense collaboration entre les producteurs de vin et les chercheurs (que ce soit des chercheurs de l’université de Ben Gurion ou ceux du Centre de Recherche et Développement agricole régional). Parce que comme vous pouvez l’imaginer, faire du vin dans le désert s’accompagne de pas mal de défis.
Une production très technique
Par exemple, l’une des raisons qui a poussé les autorités locales à recommencer à produire du vin, c’est que des chercheurs avaient réalisé qu’on pouvait utiliser l’eau des nappes phréatiques qu’on trouve en abondance dans le sous-sol du Néguev pour arroser lezs vignes. Pour combattre la haute teneur en sel de ces eaux saumatres, les fruits produisaient du sucre en quantité élevée, ce qui devait donner une qualité de raisin telle que cela compenserait le coût élevé de toute production agricole en plein désert.
Mais à l’usage, on s’est aperçu que le sel, au lieu de tuer la vigne en 7 ans comme on l’avait estimé (la durée de vie d’un cep de vigne en tant normal étant d’une vingtaine d’années), la tuait en deux ans. Tuant en même temps tous les bénéfices de l’eau saumatre. Les chercheurs se sont donc remis au travail pour déterminer le mix idéal d’eau saumatre et d’eau douce qui permettrait de garder les bénéfices de l’eau salée tout en ne tuant pas la vigne trop rapidement. Ainsi, les producteurs de vin de la région sont ils tous équipés de deux robinets et d’un ordinateur leur permettant de calculer le pourcentage exact du mélange d’eau saumatre et d’eau douce (ou plutôt d’eaux grises, c’est à dire les eaux usées qui ont été traitées pour être réutilisée en agriculture) avec lequelles les vignes seront irriguées, au goutte à goutte, naturellement. Trouver la meilleure façon de nettoyer la terre des niveaux élevés de sel sans utiliser trop d’eau fait aussi partie des défis que les chercheurs aident les agricultures à surmonter.
Une autre difficulté à laquelle les vignerons doivent faire face dans le monde entier, mais plus encore dans le désert, consiste à faire en sorte de conserver un niveau d’alcool pas trop élevé. La chaleur et l’ensoleillement font que le vin de la région tourne déjà plutôt autour de 14 degrés. Là encore les chercheurs sont à la pointe et ont trouvé pas mal de solutions qui s’exportent.
C’est donc ce mélange d’histoire, de technologie et de terroir inhabituel qui fait que le vin produit dans le Néguev est tout à la fois un produit surprenant et distinctif. Un vin que nous vous invitons d’autant plus à essayer qu’il est en train de se faire un petit nom et d’être reconnu pour sa qualité.
Sur ce site, (en anglais), vous trouverez une carte et la liste de tous les producteurs de vin de la région, ainsi qu’une courte biographie et les moyens de les contacter (étape indispensable si vous prévoyez une visite).
Ramat Negev Winery, Rota, Carmey Avdat, Pinto, Nana et Ramon Vineyards font partie des plus grands producteurs et des plus susceptibles d’être ouverts aux visites (mieux vaut tout de même vérifier avant d’y aller qu’ils seront ouverts). Chacun d’eux vous proposera une dégustation ainsi que le récit de leur installation.
Si vous n’avez pas le temps de faire la tournée desexploitations mais que vous souhaitez tout de même prendre le temps de goûter les vins du désert, un bar à vin, desert wine bar a récemment ouvert ses portes à Mitzpe Ramon. Vous y trouverez, sous un même toit, toute la production locale.
This post is also available in: English
Auteur/autrice : Marion Krivine
French owner of Krivine Guesthouse in Midreshet Ben Gurion, together with my British husband John. A little piece of european greenery in the heart of the Negev Highlands, Israel. I have set out on this journey in order to provide our guests with the most accurate, up-to-date and comprehensive guide of the area. Afficher tous les articles par Marion Krivine