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La maison de David et Paula Ben Gourion

Au tout début de l’année 1954, David Ben Gourion annonce son intention de démissionner et de s’installer au Kibboutz Sde Boker.  Celui-ci vient tout juste d’être créé par un groupe de jeunes pionniers très motivés.

Son entourage est aussi dubitatif qu’effaré. Pas seulement parce que les conditions au kibboutz sont difficiles (des logements spartiates, l’eau livrée par camion citerne une fois par semaine, sans parler de la difficulté du travail). Sans compter que Ben Gourion, né en 1887, n’est plus de première jeunesse.

Ils s’inquiètent aussi de l’avenir de ce pays neuf si fragile et qui connait tant de difficultés. Il commence tout juste à se construire, devant au passage absorber des centaines de milliers de nouveaux immigrants juifs, tout en étant en guerre avec tous ses pays voisins. Comment pourront-ils s’en sortir sans la figure du père fondateur, leader incontesté ?

Face à leurs inquiétudes, Ben Gourion les rassure. Il ne pense pas qu’un leader soit éternel et 5 ans à la tête du pays, c’est largement suffisant. De plus, il est certain que son successeur ne manquera pas de talent. Enfin, il reste convaincu qu’un leader ne peut pas être que dans le discours. Qu’il se doit de montrer l’exemple et qu’en s’installant dans le Néguev, il espère bien être suivi.

Il y a vécu pendant près de 20 ans, jusqu’à sa mort en 1973 (lors de son retour à la tête du gouvernement entre 1955 et 1963, il n’y vivait qu’à mi-temps). Ses dernières volontés indiquaient qu’il souhaitait que sa maison reste en l’état et soit ouverte au public. Et c’est ce qui a été fait, non sans poser quelques problèmes : Par exemple,par conviction, Ben Gourion n’avait pas de mezouzot sur ses portes. Que fallait-il faire ? Tout laisser exactement tel quel ou en ajouter pour permettre à un public religieux de visiter la maison ? Après mûre réflexion et malgré les réticences de certains (dont ses enfants), il fut décidé d’en ajouter.

Une exposition complètement rénovée

Je connais bien la maison de Ben Gourion puisque lors de mon arrivée dans le Néguev, en 1997, j’y ai travaillé en tant que guide. Et c’est avec grand plaisir que j’y retourne, en particulier pour y constater les changements qui ont complètement transformé une exposition qui à l’époque, était vieillissante et pas très engageante.

En d’autres mots, si vous avez visité ce musée il y a plus de 6 ans, vous n’en avez probablement pas gardé un souvenir impérissable. Et bien il est grand temps d’y retourner !

Car si la maison n’a pas bougé d’un poil (tout y est exactement tel que c’était le jour de sa mort et le livre sur sa table de chevet est resté ouvert à la dernière page qu’il ait lue), les différentes expositions autour de la maison ont été entièrement repensées et c’est une grande réussite.

Non contente de ce succès, l’équipe du musée continue d’y apporter des améliorations et à chacune de mes visites, je constate que quelque chose a encore changé ou été ajouté. 

Parmi les changements les plus importants, on compte la production de deux films très réussis.

Deux films à ne pas manquer

Le premier est un film d’animation qui dure une dizaine de minutes. Il raconte la vie de Ben Gourion, en mettant l’accent sur son intérêt pour le Néguev et pour son développement et ce, bien avant la création d’Israël. Si vous avez vu Valse avec Bachir, vous reconnaîtrez sans problème le graphisme puisque c’est le même studio d’animation qui l’a produit.

Le second est utilisé comme support pour les nombreux groupes d’étudiants et de soldats qui viennent y faire un séminaire sur le thème du leadership. Le séminaire sur le leadership est un genre que je n’affectionne pas particulièrement. Si bien que c’est avec une grande méfiance que j’avais assisté à ma première projection. Et malgré mon à priori négatif, j’ai dû me rendre à l’évidence, le film est vraiment très bien fait, informatif et intéressant.

A travers 5 dilemmes, 5 décisions difficiles à prendre ou impopulaires, il présente les défis rencontrés par un leader et permet à ces groupes de discuter sur les traits de caractères nécessaires pour diriger. Bien que le film ait été prévu pour des groupes, il est ouvert à tous est c’est tant mieux ! Il dure une quinzaine de minutes.

Je vous conseille de commencer votre visite par ces deux films, afin d’en savoir un peu plus sur Ben Gourion avant d’entrer dans sa maison. L’animation est projeté dans une petite hutte située dans le parc que vous aurez traversé avant d’arriver à la caisse (mais n’oubliez pas de passer par la caisse en premier, sans quoi vous risquez de vous faire rabrouer…)

Si un groupe est déjà en train de le regarder, pas de panique, il y a une deuxième hutte juste derrière.

Le second (leadership) se trouve dans le bâtiment situé sur la gauche de l’allée qui suit la caisse.

Je vous engage vivement à ne pas les rater. Si un groupe est en train de les visionner dans une autre langue lorsque vous arrivez, n’hésitez pas à revenir plus tard. Car cerise sur le gâteau, les deux films sont sous-titrés en français.

Les petits bâtiments verts qui se trouvent de part et d’autre de l’entrée sont les maisons d’origine des premiers membres du kibboutz. En guise de maisons, vous constaterez qu’elles tiennent plus de la chambre d’internat. Les deux cabines situées sur la droite de l’allée contiennent des expositions que je vous conseille de garder pour la fin de votre visite.

La maison de David et Paula Ben Gurion

L’entrée de la maison se trouve au bout de l’allée, juste derrière la “cabane du leadership”. Comme je vous l’ai dit, tout y est d’origine, y compris les arbres dans le jardin et la couleur verte de la façade.

Bien entendu, vous ne serez pas surpris de constater que pour un kibboutz des années 70, le “luxe” de la maison de Ben Gourion ainsi que sa taille font pratiquement figure d’extravagance… Deux salles-de-bain avec baignoire !

Le reste des membres avaient droit aux douches communes…

Mais reste que pour un premier Ministre, elle est extrêmement modeste. D’ailleurs, si vous avez eu l’occasion de visiter Israël dans les années 70, son ameublement vous rappellera forcément les intérieurs simples d’appartements ordinaires.

Si ce n’est que naturellement, les objets qui la décore ont été soigneusement choisis et qu’ils vous en apprendront beaucoup sur l’homme.

S’il a une photo de Gandhi en face de son lit, ce n’est pas un hasard.

Ce n’est pas par hasard non plus qu’on n’y trouve aucune photo de Théodore Herzl (lui qui était tellement dans l’action, il lui reprochait son côté théoricien, d’avoir été trop diplomate et pragmatique, au point d’être prêt à négocier un état juif n’importe où, en Argentine ou en Ouganda).

Dans le salon, notez la position de la déclaration d’indépendance d’Israël, accrochée juste en face de la déclaration d’indépendance des Etats-Unis. Les objets qui le décore ont été choisis par Ben Gourion parmi les milliers de cadeaux qu’il a reçus en tant que chef de l’Etat… On peut donc estimer que tous ont une signification spéciale. A noter aussi le poste de télévision. D’autant plus surprenant que si la première (et longtemps unique) chaîne israélienne n’a commencé à diffuser qu’en 1967, c’est à cause d’une féroce aversion de Ben Gourion pour cet objet. Il craignait qu’elle ne mine les efforts pour créer une culture israélienne unique.

Notez encore sur son bureau, sous ses yeux en permanence, chacun des versets bibliques citant le Néguev.

La quantité de livre et l’éclectisme de la sélection.

Dans la chambre de Paula, les seules photos de famille de la maison.

Dans sa chambre, le placard est ouvert et laisse dépasser l’uniforme qu’il aimait porter (sans aucun grade puisqu’il n’a jamais été même le plus simple des soldats, lui qui a été impliqué dans tant de batailles).

Accrochée au mur de la cuisine (autre luxe dont les autres membres du kibboutz ne disposaient pas),

la recette du Kutch-Mutch, le petit-déjeuner que Paula (infirmière), préparait chaque matin pour David. Bien qu’il détesta ça, il a continué à en manger jusqu’à son dernier jour (parce que Paula savait ce qui était bon pour lui).

Si vous êtes en famille, vous verrez qu’à l’entrée de la maison se trouvent des feuilles d’activités pour les enfants. Elles existent aussi en version française. N’hésitez pas à demander à l’accueil de vous en fournir.

Les trois expositions

  1. Ben Gourion et le Peuple

Derrière la maison, à côté de la statue de Ben Gourion en train de faire le poirier (oui, il en avait vraiment l’habitude puisque cela faisait partie de son régime d’exercices préconisés par son entraîneur Moshe Feldenkrais),

se trouve une petite exposition touchante intitulée Ben Gourion et le peuple. Elle est toute nouvelle (elle n’y était pas lors de ma dernière visite il y a quelques mois). Le concept de Ben Gourion et le peuple est simple. Un appel à été lancé à la population, leur demandant de raconter une anecdote, une rencontre avec le Vieux. Une douzaine d’histoires ont été sélectionnées et la présentation est aérée et émouvante.

Les deux autres salles d’exposition se trouvent dans l’allée de l’entrée.

  1. Salle d’activités interactives pour les enfants

La première, juste en face du portail de la maison, est plus particulièrement destinée aux enfants. Il s’agit d’une salle de jeux interactifs avec écran tactile.

Généralement, les enfants apprécient cette activité et peuvent y passer pas mal de temps. Malheureusement, les textes ne sont disponibles qu’en hébreu, arabe et anglais. Il n’y a pas grand-chose dans cette salle pour les adultes, mais jetez tout de même un coup d’œil aux quelques lettres d’enfants (auxquelles Ben Gourion ne manquait jamais de répondre). Elles sont présentées sur le mur du fond.

  1. Le kibboutz Sde Boker et le Néguev

La dernière salle est dédiée à l’histoire du kibboutz Sde Boker et au développement du Néguev. La présentation du kibboutz est intéressante et bien racontée.

La partie sur le développement du Néguev est esthétique et moderne, mais et c’est là mon seul regret par rapport à l’ancienne exposition, elle présente avec fierté les réalisations en ayant totalement perdu un des thèmes principaux de l’ancienne exposition. Le fait que malgré des réalisations impressionnantes, on soit encore très très loin d’avoir réalisé la prophétie de Ben Gourion pour le Néguev.

Comment y aller

Le kibboutz Sde Boker est situé à 5 km au nord de nos chambres d’hôtes.

Prenez la route 40 en direction de Beer Sheva. L’entrée de la maison de Ben Gourion se fait au niveau de la station essence. Du parking,

vous devrez traverser un petit parc rempli d’oliviers, de photos et de citations de Ben Gourion, jusqu’à ce que vous arriviez à la caisse.

Tarif : 20 shekels pour les adultes.

Horaires : du dimanche au jeudi de 8.30-16.00

Vendredi et veille de fête : 08.30-14.00

Samedi et fêtes : 10.00-16.00 (à l’exception de Kippour et de la veille de Kippour).

Comptez au moins une heure pour la visite. Vous pourrez facilement y rester plus longtemps.

A l’entrée du parc, se trouve le café Paula, où vous trouverez de la restauration légère, du vin de Sde Boker et les produits cosmétiques et savons de Farhan.

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Auteur/autrice : Marion Krivine

French owner of Krivine Guesthouse in Midreshet Ben Gurion, together with my British husband John. A little piece of european greenery in the heart of the Negev Highlands, Israel. I have set out on this journey in order to provide our guests with the most accurate, up-to-date and comprehensive guide of the area.

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