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La ville nabatéenne de Shivta

Shivta est l’une des cinq ruines construites et habitées par les Nabatéens entre 500 avant notre ère et 700 de notre ère, qui se trouvent dans le Néguev (avec Mamshit, Avdat, Tel Nitzana et Halutza).

Sur une période de 1200 années, ces villes ont connu la prospérité avant de disparaître, à peu près toutes en même temps.

Pourquoi à cette époque, quelqu’un aurait-il choisi de s’installer dans une ville en plein désert ? Est-ce que c’était un endroit sûr pour élever une famille ? Que trouvaient-ils à manger ? Quelles étaient leurs croyances ? Et pourquoi ont-ils soudainement abandonné leurs maisons ? Shivta contient la réponse à toutes ces questions. 

Que savons-nous sur Shivta ?

A son apogée, autour de l’an 600, Shivta comptait 1700 foyers en son sein ; Un nombre plus important de personnes moins privilégiées vivaient sans doute plus loin. Elle comptait trois magnifiques églises décorées de marbre, colonnes, statues, fresques et autres mosaïques. La dernière découverte en date semble être une représentation du visage d’un Jésus jeune et frisé. (Pas la peine de le chercher, il faut un équipement spécial pour le deviner).

Church in Shivta
L’église sud de Shivta

Il y a aussi des signes d’une activité monacale.

On pense que des moines se tenaient debout sur ces piliers pour faire pénitence

On y trouve aussi une petite mosquée, ce qui indique que le peuple nabatéen adoptait la religion des conquérants. Elle est située juste à côté de l’église du Sud, ce qui a d’abord conduit les chercheurs à penser qu’il s’agissait là d’une preuve de la cohabitation pacifique entre Chrétiens et Musulmans, avant de changer d’avis.

The mosque in Shivta
La mosquée, juste à côté de l’église sud

Toute la ville est équipée d’un système de drainage élaboré  

permettant de récupérer les eaux de pluie et de les diriger vers un réservoir central à travers un réseau compliqué de tuyaux (des travaux sont en cours pour creuser le réservoir et la rumeur court qu’il pourrait être rempli d’eau dans un futur proche).

Central water reservoir in Shivta

Juste à l’extérieur de la ville, se trouve un grand complexe d’étable pouvant accueillir jusqu’à 2000 chameaux en même temps. Les Nabatéens avaient une grande maîtrise de la conservation de l’eau (malgré des chutes de pluies minimales, alors qu’il n’y avait absolument aucune autre source d’eau dans la région). Si bien qu’ils étaient en mesure de fournir à leurs habitants, leurs chameaux, les accompagnateurs de caravane et les soldats de passage toute l’eau dont ils avaient besoin, bénéficiant même d’un surplus leur permettant de faire pousser leur propre nourriture [blé, orge, vergers]. Ils produisaient même du vin destiné à l’exportation (devenant leur principale source de revenu). Le vin de Gaza, c’est ainsi qu’on l’appelait, était particulièrement réputé et envoyé dans toute l’Europe à partir du port de Gaza. Ils élevaient aussi des pigeons et des colombes dans d’immenses colombiers. Une source de revenus supplémentaire pour la ville était le tourisme religieux. En effet, c’était l’une des dernières étapes pour les Chrétiens en pélerinage vers Sainte Catherine dans le sud du Sinaï.  La prospérité était telle que l’on sait que poisson et crocodile étaient importés et faisaient partie de leur alimentation. 

Wine press in Shivta
L’une des deux presses à vin de Shivta

Comment sait-on tout cela ?

Il n’y a pas de diaspora nabatéenne vivant à New York ou à Paris, si bien qu’il n’y a jamais eu d’investissement important pour excaver Shivta (ou n’importe quelle autre ville Nabatéenne). En 1936, une expédition anglo-américaine financée par la famille Colt de Hartford dans le Connecticut a démarré (pour abriter l’équipe, ils ont commencé par la construction d’une ferme sur le modèle nabatéen en pillant des pierres du site). Mais elle a été stoppée par la révolte arabe et pratiquement tout ce qu’ils avaient découvert a été détruit par le feu.  Incroyablement, l’UE a décidé de financer une nouvelle campagne de fouilles en 2017. Menée par l’université de Haifa pendant deux saisons, son objectif était de découvrir les raisons pour lesquelles la ville avait été abandonnée par ses habitants.  Des archéologues accompagnés de chimistes, biologistes… ont pris des échantillonnages de sols, de sédiments dans le réservoir central, de restes des déchets trouvés dans les maisons et les entrepôts, et les résultats sont en cours de publication.   Quant à la question qui nous intéresse tous, la conclusion est qu’après la conquête arabe et la conversion à l’Islam, les pélerinages chrétiens et la production de vin se sont tout naturellement interrompus. Comme cela faisait bien longtemps que les caravanes ne passaient plus par la voie terrestre, les habitants de la ville ont dû chercher un moyen de réinventer des moyens de subsistance. N’y réussissant pas, Shivta est entrée dans une période de récession économique. Ce n’est donc ni la peste, ni une invasion, ni un tremblement de terre comme on l’a longtemps cru qui a vidé Shivta de ses habitants. Le nombre d’habitant a diminué petit à petit, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que 20 familles. Shivta était devenue un endroit où il ne faisait plus bon vivre. En partant, les familles bouchaient les entrées de leurs maisons avec des pierres et du ciment, dans l’espoir de revenir quand les affaires reprendraient. Ce qui ne s’est jamais produit. 

Une fenêtre bloquée au moment de l'abandon de la maison
Une fenêtre bloquée lors de l’abandon de la maison

Ce trésor caché

Sur les cinq ruines nabatéennes que compte le Néguev, Shivta (Sobota) est à mon avis la plus belle et la plus intéressante.  Ce qui rend son charme si spécial, c’est que si vous montez sur ses remparts et que vous regardez le désert, vous voyez le même panorama (à l’exception peut-être des vignes à perte de vue) que ce que ses habitants voyaient il y a 2000 ans. Pas de route, pas de pylones, pas de barrière, aucune construction moderne. Juste le désert, vierge. 

Le désert à perte de vue

La plupart des maisons comptaient deux étages

avec des entrepôts en sous-sol pour conserver la nourriture et pour pouvoir échapper à la chaleur de l’été. Certains ont été excavés. Attention de ne pas tomber dans un trou ! 

Il n’y a pas de gardiens pour vous conseiller, vous réprimander ou vous secourir… Il y a de fortes chances que vous soyiez les seuls visiteurs. Alors soyez prudents.  

Etant donné qu’il y a très peu de visiteurs, l’entrée est gratuite. Shivta est un trésor absolu et nous nous y rendons aussi souvent que nous le pouvons. Un jour, il y aura un gardien et une barrière, une boutique de souvenirs et un parc aquatic dans le réservoir central. Le parking sera rempli d’autobus et il faudra faire la queue pour y entrer. Alors profitez-en tant qu’il est encore temps !  

Tour guidé théatral de Shivta

Iris Barazani propose des visites guidées de Shivta (en anglais et hébreu). Si vous avez réservé un tour avec elle, elle vous donnera un lieu de rendez-vous où elle apparaîtra soudain en costume, pour vous ramener dans le temps et vous révéler tous les secrets de Shivta à travers 4 personnages. Le tour dure deux heures et nous vous le recommandons chaudement. 

Iris Barazani +972 50-301-6969

ou irisbarazanitourguide@gmail.com

Le verger nabatéen

En retournant vers la route principale, vous pourrez vous arrêter dans le verger, dont l’entrée est située à 200 m du parking. Comme à l’époque nabatéenne, il n’est irrigué que par les eaux de pluie. C’est charmant, ombragé et un excellent endroit pour faire un pique-nique (prévoyez une couverture, il n’y a ni tables, ni chaises). 

Nabatean orchard Shivta

Comment arriver à Shivta ?

Shivta est à 35 minutes de route de notre maison d’hôtes.  Partez en direction du nord sur la route 40. A l’intersection de Tlalim, tournez à gauche sur la route 211 en direction d’Ashalim. Au bout d’une quinzaine de minutes, vous verrez un signe pour Shivta. Tournez à gauche. Suivez une route étroite pendant 10 minutes (attentions aux trous!), jusqu’à ce que vous apperceviez les ruines surgir du désert sur votre gauche.  

En été, allez-y tôt le matin ou en fin d’après-midi. Il n’y a pas d’ombre. Il vous faudra deux bonnes heures pour inspecter la ville de fond en comble.  

Et puisque vous êtes déjà arrivés jusque là, profitez-en pour vous enfoncer un peu plus dans le coin et découvrir la région de Nitzana.

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