Les maîtres de la route de l’encens
De tous temps, les Européens ont été demandeurs d’épices et autres marchandises précieuses en provenance de l’Orient. Il y a un peu plus de 2000 ans, la seule route était terrestre et passait par le Yémen et Gaza, à travers 2200 km d’un désert vierge.
Ce n’est qu’en 25 de notre ère qu’une voie traversant la Mer Rouge a commencé à être utilisée. Les Nabatéens étaient les maîtres incontestés de la voie terrestre. D’immenses caravanes de chameaux transportaient les marchandises d’un trou d’eau vers une station fortifiée. Dans le Néguev, situation unique, certaines de ces stations fortifiées sont devenues de véritables villes fortifiées dont l’économie tournait autour de la nourriture, du repos et de la protection des hommes et des animaux qui participait à ce commerce prospère. Le voyage prenait 62 jours. 3000 tonnes de marchandises passaient par cette route en moyenne chaque année.En bons hommes d’affaires, ils ont su se réinventer
Lors de l’ouverture de la voie maritime, au cours du 1er siècle de notre ère, les Nabatéens ont dû réinventer un modèle économique. Leur long séjour dans la région leur ayant permis de maîtriser les techniques de la collecte des eaux de pluie, ils sont devenus fermiers ou, comme c’est la cas à Mamshit, éleveurs de chevaux, ce qui leur a permis de continuer à jouir d’un certain niveau de prospérité.
Qui étaient les Nabatéens ?
Les Nabatéens n’étaient pas un peuple à proprement parler puisqu’ils n’avaient ni langue, ni culture distincte (ils parlaient un dialect de l’Arabe), ils étaient les propriétaires d’une immense entreprise de transport ayant réussi à survivre et même à prospérer précisément parce qu’il ne s’agissait là que de business et qu’ils ne s’occupaient pas de politique. Ils prêtaient allégeance et payaient leurs taxes aux différents empires à travers lesquels leurs caravanes passaient, ce qui leur permettait de jouir d’un certain niveau de protection vis-à-vis des bandes armées immanquablement attirées par leur commerce lucratif.
Durant la domination de Rome, ils ont adoré les dieux romains. Les Romains remplacés par l’empire Byzantin, ils sont devenus Chrétiens, avant de se convertir à l’Islam lors de l’invasion par les armées de Mohamed. Sans aucune résistance. La triste conséquence de cet état de fait, c’est qu’il n’existe aucune trace écrite de leur mode de vie. Si les Nabatéens n’avaient pas été mentionnés (rapidement) dans d’autres écrits, nous n’aurions aucun moyen de savoir qui a construit ces villes remarquables. Toutes ont été abandonnées (pour des raisons différentes), au cours du 8ème siècle.
Que sont-ils devenus ?
Ils sont probablement devenus nomades et beaucoup pensent que les Bédouins sont leurs descendants directs.
Les villes Nabatéennes du Néguev
Mise à part Petra [en Jordanie], leur capitale (le siège de la société), les Nabatéens n’ont laissé des villes que dans le Néguev. Elles sont au nombre de cinq, dont trois peuvent être visitées et sont situées à une courte distance de nos chambres d’hôtes.
- Avdat:
A l’origine, c’était une simple station fortifiée. Au cours de la période romaine, elle a pris une part importante dans le système de défense et de transport de l’Empire romain.
C’est la plus grande des cinq et, de loin, la plus visitée. Elle est située à 10 minutes de chez nous, sur la route de Mitzpe Ramon. Elle fait partie des parc nationaux et l’entrée coûte 28 shekels.
2. Mamshit.
C’est la plus petite mais la mieux conservée avec, entre autres choses, de grands sols en mosaïque. C’est l’élevage de pur sangs arabes qui a assuré sa prospérité comme en témoignent les grandes étables qui l’entoure. Elle est située à 30 minutes de chez nous. Elle fait aussi partie des parcs nationaux et l’entrée coûte 28 shekels.
3. Shivta
D’après certains archéologues, Shivta n’a jamais fait partie de la route de l’encens et a toujours été une implantation agricole.
C’est à notre avis la plus charmante et la plus intéressante des ville Nabatéennes. Elle est située à 35 minutes de chez nous, sur la route 211 qui s’arrête à la frontière égytienne (fermée), si bien qu’elle est rarement visitée. L’entrée est gratuite.
4. Halutza
Il n’est pas possible de visiter Halutza qui n’a pas encore eté excavée. Elle est en majeur partie recouverte de sables et a fait l’objet de nombreux articles de presse récemment puisque des archéologues allemands estiment avoir enfin découvert son emplacement exact. Elle servait de centre administratif et était l’un des derniers arrêts avant le port de Gaza. Il n’est pas prévu d’en ouvrir la visite au public dans l’immédiat. Cela devrait rester un site de recherche archéologique pour longtemps encore.
5. Tel Nitzana
Elle est aussi proche de la frontière égyptienne et de la route 211. Bien qu’il n’y ait pas grand chose à y voir (un grand nombre de ses pierres ont été canibalisées par l’armée turque pour construire un hôpital de campagne), elle a une certaine importance pour les chercheurs, puis que c’est sur ce site qu’a été retrouvée une série de documents. On peut dire que c’est entre ses pierres qu’on a retrouvé le plus d’informations sur les Nabatéens.
Dans le cratère de Ramon, il y a deux sites de caravansérails, qui sont plus représentatifs des 65 arrêts qui jalonnaient la totalité de la route de l’encens. Vous pourrez voir un simple caravansérail (non rattaché à une ville) près des sources d’eau d’Ein Saharonim et autour du fort Makhmal.
Pour en savoir plus : The Incense and Spice Route and the Desert Cities in the Negev un document très complet de 223 pages préparé en 2005 lorsque l’UNESCO a inscrit les villes Nabatéennes du Néguev parmi les sites du patrimoine mondial.
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Auteur/autrice : Marion Krivine
French owner of Krivine Guesthouse in Midreshet Ben Gurion, together with my British husband John. A little piece of european greenery in the heart of the Negev Highlands, Israel. I have set out on this journey in order to provide our guests with the most accurate, up-to-date and comprehensive guide of the area. Afficher tous les articles par Marion Krivine