C’est avant tout une histoire de tâtonnements.
Cela faisait déjà plusieurs années que John pensait à créeer un bassin rempli de poissons qui serait au centre de notre jardin.
Il a commencé par aller chercher les pierres une par une. Ca a pris du temps, mais il a fini par en avoir assez.
Cette forme ronde et profonde n’était pas exactement ce que j’avais en tête quand on évoquait un bassin pour poissons et les enfants étaient plutôt d’accord avec moi, mais John avait son idée en tête.
Dès l’instant où John a terminé de le construire et où il a été rempli d’eau, les enfants l’ont investi, faisant venir leurs amis. Ils ont rapidement découvert que s’ils couraient tous dans le sens des aiguilles d’une montre, ils pouvaient créer un tourbillon qui les emportait rapidement. L’ajout d’un deck autour du bassin le rendait trop facile d’accès. Il allait y avoir un accident.
Avant que l’un d’eux ne se noie, je suppliais John de redonner au bassin son rôle initial. Il commençait par y planter roseaux et nénuphars. Il est rapidement devenu luxuriant. Il a installé un système de filtration, et en été, un auvent pour empêcher qu’il ne soit envahi par trop d’algues si les rayons du soleil n’étaient pas stoppés net. Nous avons acheté une cinquantaine de petites carpes koï. On ne pouvait plus s’y tromper, on avait bien là un bassin ornemental.
Mais nous n’étions pas très chanceux avec les poissons. Entre ceux qui n’avaient pas résisté à leur déplacement et ceux qui se faisaient manger par les chats, le taux de survie n’était pas très encourageant. L’installation de pics autour du bassin a résolu le problème des chats, sans empêcher les ibex de venir nous rendre visite.
Mais on continuait à retrouver un nombre alarmant de carpes le ventre à l’air et ce, bien que John continue à consulter tous les experts de l’université locale.
Et un jour, un ami chercheur à l’université a appelé John. “Tu veux des carpes koï?” Ils avaient procédé à une expérience consistant à déterminer la vitesse de croissance des poissons selon différents paramètes de chaleur et de salinité de l’eau. Les carpes avaient grandi à un tel rythme que leurs bassins géants contenaient maintenant plus de poissons que d’eau. Les carpes se rentraient dedans, certaines étaient endommagées. L’expérimentation avait été un succès, mais il fallait maintenant libérer un peu de place dans les bassins. Nous en avons pris une douzaine. Elles étaient énormes. Le problème était qu’elles avaient grandi dans de l’eau relativement chaude et que l’eau de notre bassin comptait au bas mot une vingtaine de degrés de moins puisqu’on était au plus fort de l’hiver. Si on ne les habituait pas graduellement au changement de température, le choc serait trop important et cela risquait de les tuer. Nous avons donc acheté plusieurs bassines en plastique que nous avons installées dans notre salon. Tous les deux jours, nous devions faire baisser la température d’un degré. Nous avions placé un filet par dessus pour tenir les chats à l’écart. Nos visiteurs étaient fascinés par la transformation de notre salon en ferme piscicole géante. Nous avons envisagé lancer une mode. Mais au bout de deux semaines, la présence des bassines dans le salon avait perdu de son charme. Graduellement, nous étions passés à -2 degrés chaque jours au lieu du degré tous les deux jours préconisé. Il en restait bien 4 ou 5 à atteindre quand nous en avons eu assez et décidions de jeter les poissons dans le bassin du jardin. Advienne que pourra.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, tous on survécu. Enfin, c’est ce que nous avons pensé étant donné que nous n’en avons trouvé aucun en train de flotter sur le dos. Mais au début, ils se cachaient dans les profondeurs du bassin. Certains jours, on n’était même pas certains qu’ils soient encore là. Que pouvaient-ils bien penser ? C’est ce que John se demandait chaque jour en observant son bassin, parce qu’ils commençait à trouver qu’il se donnait bien du mal et que ces poissons ne lui rendaient pas tout cet amour ! Ben Freihof lui a conseillé d’essayer de leur donner de la nourriture pour chiens. Il plaçait une poignée de croquettes dans un bol, qu’il recouvrait d’eau bouillante jusqu’à ce qu’elles deviennent molles. Une fois refroidies, il les jetait dans l’eau et Ben avait vu juste. Les poissons étaient ravis. Et maintenant, tous les jours, quand ils entendent le pas de John sur le deck, ils se précipitent à la surface, pratiquement prêts à sauter hors de l’eau. Quand il met sa main dans l’eau, les carpes viennent lui têter les doigts et se laissent même carresser.
Lorsque des familles avec de jeunes enfants restent chez nous, il les emmène donner à manger aux poissons après le petit-déjeuner. Le temps fort de leur séjour dans le désert !
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Auteur/autrice : Marion Krivine
French owner of Krivine Guesthouse in Midreshet Ben Gurion, together with my British husband John. A little piece of european greenery in the heart of the Negev Highlands, Israel. I have set out on this journey in order to provide our guests with the most accurate, up-to-date and comprehensive guide of the area. Afficher tous les articles par Marion Krivine