African Leaders of the World

Lors de nos voyages, nous voyons des objets que nous aimons et lorsque nous le pouvons, nous ne résistons pas au plaisir de les ramener chez nous. Nos chambres d’hôtes en sont pleines.

Bien que ce poster soit accroché au mur de la chambre sud-africaine, nous l’avons acheté en Ouganda. Et je dois dire qu’il a un certain succès auprès de nos hôtes. Voici comment il a attérit dans une de nos chambres.

Nous sommes à Kisoro, un gros bourg au plus profond de l’Ouganda, à la frontière de la République du Congo et du Rwanda, en plein pays des gorilles. Nous sommes en 2010 et les enfants voyagent avec nous. De temps en temps, nous nous rendons dans l’un des seuls restaurants de la ville. C’est une ville pauvre, qui ne voit que rarement des touristes et la nourriture y est basique. Beaucoup de chèvre bouillie et de friture. Dans le restaurant, juste au-dessus du chaudron dans lequel des pommes de terre sont en train de frire en quasi-permanence, est accroché un poster intitulé  “Current African Leaders”. On aurait dit une page d’un journal de fin d’année d’école avec ses petits rectangles pour les photos de chaque élève et en gros, au milieu, le directeur de l’école ou le professeur principal. Dans ce cas, les élèves étaient les présidents de tous les pays d’Afrique et au centre, dans un rectangle 8 fois plus gros que les autres, la photo d’un Barak Obama jeune et souriant.  J’ai essayé d’en trouver une copie sur le marché local où toutes sortes de posters (souvent à vocation éducative) se vendaient. Mais sans succès. Lors de notre dernière journée à Kisoro, Marion m’a suggéré de retourner dans le restaurant pour le photographier. Me voilà parti sur mon vélo, mon appareil photo en bandoulière. Je demande au propriétaire du bouiboui si je peux photographier son poster. Il me regarde d’un air rusé et me propose de lui acheter pour 5000 shilling ougandais (un peu plus d’un dollar). Les yeux des nombreux clients sont rivés sur moi, le silence est total.    ‘OK’, je lui réponds.  Des murmures et des grincements de chaise se font immédiatement entendre, que je ne sais pas trop comment interpréter. Le propriétaire donne l’ordre à deux cuisiniers de sortir de la cuisine avec des spatules, ils commencent immédiatement à détacher le poster du mur. Il se décolle facilement, sans trop de dommages, probablement parce qu’il était recouvert d’une bonne couche de graisse de friture. Je tends l’argent au patron et la salle commence à applaudir et chahuter. Je souris poliment avant de remonter, un peu gêné sur mon vélo. Le poster sous le bras, je m’en vais. Lorsque je tourne, 400 m plus loin, je peux encore entendre les clients du restaurant, tous hilares, sans exception.